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août 02, 2005
Nourritures d'enfance bis
Version du Chéri de Tarzile
Citez cinq aliments, plats ou autres, qui ont fait partie de votre enfance, et qui vous manquent, parfois, quand la nostalgie vous prend...
La tarte aux fraises des champs de Carmen. J’ai passé mes plus belles vacances d’été dans une maison de campagne centenaire. À la mi-juin, les fraises sauvages rougissaient, aussi minuscules que des myrtilles. De bon matin, ma mère Carmen, équipée d’un chapeau de coton fleuri, partait à la « chasse aux fraises sauvages ». Elle savait où trouver ces perles qui feraient notre régal. Nous participions avec joie à la corvée d’équeuter (et de déguster) ces petits trésors. Maman ajoutait un peu de sucre et du tapioca pour épaissir le jus des fraises. Arôme sucré de cuisine au poêle à bois. Ces midis-là, lorsque Carmen déposait le dessert feuilleté et fumant sur la table, nous étions en état de grâce.
En soirée, notre collation se composait d’une tranche de pain de campagne sur lequel nous déposions une montagne de fraises sauvages, du sucre et du lait frais. Un pur délice!
Sandwich écrapouti aux bananes de Marie-Anne. À la maison de campagne, nous avions un poêle à bois et un vieux fer à repasser en fonte. Ma tante Marie-Anne avait une spécialité. Elle prenait deux tranches de pain blanc, beurrées sur les quatre faces, y plaçait des rondelles de bananes et les déposait sur le poêle chaud. Le secret consistait à écraser le sandwich avec le fer jusqu’à ce que chaque côté soit bien doré. Ce repas nous plaisait et nous en redemandions.
Assiette de tire Sainte-Catherine aux noix. Pour célébrer la fête des vieilles filles, ma mère faisait souvent le même dessert. Elle préparait une tire dorée et transparente (aujourd’hui, je prendrais de la tire d’érable) faite de sucre, de cassonade, de beurre et d’eau. Lorsque la tire était à la température désirée, elle la versait dans des assiettes creuses. Pas plus d'un demi-centimètre de tire par assiette. Ensuite elle y ajoutait une poignée d’arachides (aujourd’hui, je prendrais des noisettes sans écales et grillées au four) et elle réfrigérait le tout. Un pur délice!
Pains de la Boulangerie Héon. Nous nous rendions parfois à la ville pour acheter de vieux pains rassis destinés au bétail et aux chevaux. Âgés de onze ans, nous étions autorisés à conduire le camion dans les rangs de la campagne. Arrivés à la ville, notre mission était de sélectionner les pains rassis et de les charger dans le camion. Le boulanger en profitait toujours pour nous glisser quelques délices sous la table. Au retour, nous demeurions assis dans la « boîte » arrière du camion afin de déguster un festin composé de mie de pain douce, tendre et humide. Parfois des gâteaux à la vanille ou au chocolat, des feuilletés et autres millefeuilles jugés encore comestibles faisaient notre délice.
Le T-Bone de Jean-Paul. À chaque automne, mon père Jean-Paul négociait l’achat d’un demi-boeuf pour faire boucherie. Sa pièce préféré était le T-Bone : portion comprenant le filet mignon, l’os en T et le surlonge. À tous les dimanches soirs, (même à 30 degrés sous zéro), papa allumait le BBQ au charbon de bois et nous préparait le repas traditionnel suivant : Pommes de terre en robe des champs et oignons jaunes enveloppés séparément dans le papier alu, grosses saucisses BBQ bien grillées et T-Bone cuits au goût de chacun. Moi, je le voulais saignant. Nous étions six autour de la table. Papa nous servait. Une salade symbolique de laitue iceberg et tomates accompagnait le tout. Au dessert, nous avions droit aux tartes de saison de maman : bleuets, pommes, fraises ou sucre.
Le Chéri de Tarzile
© Tarzile.com
Commentaires
Que de beaux souvenirs ! Et tellement émouvants..
"La tire" c'est une sorte de caramel, un sucre cuit ? J'ai déjà entendu ce terme, mais je ne sais pas exactement de quoi il s'agit.
Merci pour tous ces beaux souvenirs d'enfance.
Publié par : saveurs sucrees salees le août 3, 2005 02:03 AM
Dans la famille " je suis doué pour raconter mes souvenirs d'enfance", je demande le chéri de Tarzile...et je complète avec Tarzile herself ! :o))
Je viens de déguster une bonne tranche de saveurs d'enfance et de mots qui sentent bon le Québec ( j'adore écrapouti qui ressemble un peu à notre écrabouillé ) : le sandwich aux bananes et le truc du fer à repasser ...
Merci à tous les 2 pour le partage de vos miettes de nourriture d'enfance...ces miettes qui nous permettent , quelques décennies plus tard, de savourer les petits bonheurs ,tout simplement...
mary
Publié par : mary le août 3, 2005 02:09 AM
Bravo le Chéri de Tarzile.
Vous écrivez très bien. On imagigne parfaitement les scènes de votre enfance.
Publié par : Mijo le août 3, 2005 07:46 AM
Écrapouti, c'est bien l'équivalent de écrabouillé. Bien deviné!
T.
Publié par : Le Chéri de Tarzile le août 3, 2005 08:28 AM
Oui, le caramel est une sorte de tire. C'est un bonbon mou obtenu à partir d'ne pâte de sucre. Le mot tire vient probablement du début de la colonie. Mère Marguerite Bourgeoys, celle qui tenait la première école de Montréal, avait aussi pour mission d'évangéliser les autochtones. Pour les attirer, elle confectionnait un bonbon à la mélasse et au sucre. À un moment donné dans le processus, la pâte de sucre est étirée à la main. Voilà probablement l'origine du mot tire. Quelque chose qu'on étire.
T.
Publié par : Le Chéri de Tarzile le août 3, 2005 08:39 AM
Ouen, le Chéri de Tarzile, tu racontes si bien tes souvenirs "gustatifs" que même à peine sortie de table, j'en salive !
Ça me rappelle le fameux macaroni au fromage de ma "Mémé". Ben ordinaire (du lait, du beurre et du cheddar), mais donc bon ! Et aussi les fameuses "toasts" de mon "Pépé"... Lorsque je couchais chez-eux et que seuls lui et moi étions réveillés le matin, il m'asseyait sur le comptoir pendant qu'il me préparait ses fameuses toasts : une tranche de pain recouverte de fromage jaune en "brique" de type Velveeta, le tout surmonté de morceaux de saucisses à hot-dog ou de jambon. Il mettait tout ça au four le temps de mettre la table. J'en mangerais encore...
En passant, petit "Q" pour la tranche de pain fraises-sucre-lait : si vous allez au Marché Jean-Talon, chez Nino, ils ont des pacanes au beurre (genre praliné). Hummmm... Un délice terriblement cochon sur une tranche de pain avec un peu de sucre d'érable et de la crème... avec ou sans fraises, c'est un péché en soi !
Publié par : Bichonne le août 3, 2005 09:02 PM
Bichonne,
Il en avait des idées, ton Pépé. Ce sont de précieux souvenirs, ceux qui parlent de cette intimité avec son aïeul. Nino... Ouais...
T.
Publié par : tarzile le août 4, 2005 08:22 AM