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janvier 06, 2006
La bûche des Rois de Florentine
Florentine, ma Grand-mère paternelle, faisait une bûche. Elle l'utilisait comme centre de table du 25 décembre au 6 janvier. Pendant les 12 jours de Noël! Le 6 janvier, la bûche quittait le centre de la table pour les assiettes à dessert.
La bûche était joliment décorée. Elle avait tout pour attirer la convoitise. La légende veut qu'à l'âge de deux ans, après le repas, on m'ait demandé ce que je voulais pour dessert. Mon oeil ayant été attiré par la bûche durant tout le repas, je pointe la bûche en criant Çà!
Consternation. Mes jeunes tantes auraient tout d'abord tenté de me distraire et de me présenter toutes les autres douceurs permises. Déjà à cet âge, j'étais plutôt sûre de mon jugement. Non, çà! je répétais.
Puis, devant mon refus, elles supplièrent Grand-mère de me donner une toute petite fleur. Grand-mère était aussi entêtée que moi. Non! Je veux çà! Non! And so on, comme disent les Anglais.
Il semble que j'aie perdu cette bataille. Aujourd'hui, je fais ma propre bûche. Que je sers à mes convives ipso facto, il va sans dire. Je me demande encore comment Grand-mère faisait pour conserver ce gâteau pendant 12 jours. J'imagine que finalement, je l'ai échappé belle.
Plus tard, j'ai appris que les Rois se fêtaient en mangeant une galette dans laquelle on avait caché une fève et un pois. Dans le but de couronner le roi et la reine de la soirée. Mes parents avaient participé à une veillée durant laquelle Tante Thérèse et Oncle Jules avaient été couronnés. Comme je les enviais. J'aurais voulu porter la couronne pendant une soirée, moi aussi. Ce n'est que bien plus tard que j'ai remédié à cette situation.
Voici donc la recette de bûche que je sers à Noël. Avec de la crème glacée maison à la vanille que je prépare la veille du repas.
Je voulais faire un sirop au kirsch, comme celui de Pascale. Mais tenez vous bien. Il n'y avait plus de kirsch dans les SAQ de la région métropolitaine de Montréal depuis 1 mois! Rectificatif. Au moment où j'ai voulu m'en procurer, il restait une petite bouteille dans UNE succursale à Montréal, à l'autre bout de la ville. J'ai donc changé mes plans et fait un sirop au rhum, comme celui de Pascale. Et j'ai noté qu'il fallait refaire le plein de kirsch le plus tôt possible en prévision de Noël 2006.
Lorsque je fais une bûche, je demande toujours l'appui de mon Chéri. C'est lui, le maître rouleur de la maison. Il roule le gâteau comme un pro.
La bûche des Rois
1/3 tasse (100 ml) d’eau
1/4 tasse (50 g) de sucre
1 cuil. à table (1 c. à soupe) de rhum
3/4 tasse (190 ml) de crème à cuisson 35%
8 carrés (250 g) de chocolat mi-amer Baker, ou de chocolat au lait Valrhona, râpé
2 c. à table (2 c. à soupe) de beurre mou
3 oeufs
2 jaunes d'oeufs
1/2 tasse (100 g) de sucre
1/4 tasse (58,5 g) de beurre non salé, fondu
1/3 tasse (30 g) de cacao
2/3 tasse (130 g) de farine tout-usage non-blanchie
1 c. à thé (1 c. à café) de poudre à pâte (levure chimique ou levure alsacienne)
Une plaque à pâtisserie de 10 po par 15 po (25 cm par 37 cm)
Un torchon de cuisine humide
Préchauffez le four à 350°F (180°C).
Tout d'abord, on prépare le sirop. Dans une petite casserole, mélangez le sucre et l'eau. Portez à ébullition. Lorsque le mélange bout, retirez-le du feu. Laissez refroidir. Ajoutez le rhum, ou une liqueur qui vous plaît. Réservez. Jusque là, je m'en tire pas mal.
Maintenant, la ganache. Je la prépare en deuxième lieu, pour qu'elle ait le temps de refroidir avant que je l'étende sur le gâteau.
Dans une casserole, versez la crème. Portez à ébullition. Retirez du feu. Ajoutez le chocolat râpé et le beurre. Mélangez jusqu'à ce que le chocolat et le beurre soient fondus. Refroidir la ganache au comptoir, un peu comme pour les truffes. J'ai déjà refroidi au frigo. La ganache avait tant durci qu'elle était inutilisable. C'est pourquoi je la fais un peu à l'avance. Après une trentaine de minutes, sa consistance est correcte.
Maintenant, on passe au gâteau. Je sors la plaque. Je la beurre légèrement puis je la recouvre de papier sulfurisé. Je la mets de côté, mais à portée de main.
Je tamise ensemble la farine, le cacao et la poudre à pâte.
Dans un grand bol, je dépose les oeufs, les jaunes d'oeufs et le sucre. Au moyen de ma mixette, je bats à grande vitesse jusqu'à ce que le mélange soit très épais. Disons qu'après 6 minutes - 7 minutes, le mélange est épais.
Là, j'appelle mon Chéri parce qu'il est le pro de cette opération. À l'aide d'une spatule, ou d'une cuillère en bois, il incorpore le mélange de farine aux oeufs en pliant à quelques reprises. L'idée, c'est de ne pas brasser l'appareil de manière intempestive. Mon Chéri a l'intention de refaire ce gâteau sans cette cérémonie pour voir l'effet sur le produit final. Si vous avez le cran de prendre un tel risque, faites-nous signe.
Ajoutez le beurre fondu de la même manière. Même commentaire de la part de mon Chéri qui a horreur des sparages inutiles.
Étendez sur la plaque le mélange qui ressemble un peu à un soufflé. Nous avons utilisé une spatule pour répartir à peu près également le mélange sur la plaque. Enfournez. Faites cuire durant environ 8 minutes (four à convection) ou jusqu'à ce qu'un couteau inséré au centre ressorte propre. Comme le gâteau est léger, il cuit rapidement.
Pendant que le gâteau cuit, vous étendez un torchon propre que vous avez humidifié (pas mouillé, humidifié) sur le comptoir.
Lorsque le gâteau est cuit, on le renverse sur le torchon. Enlevez le papier sulfurisé délicatement. Avec un pinceau, ou avec vos doigts si votre pinceau est introuvable, imbibez le gâteau avec le sirop.
Roulez le gâteau sans trop serrer en vous aidant du torchon. Imbibez la surface avec le reste du sirop. Vous vous demandez si ce n'est pas trop de sirop. Non, rassurez-vous. Le gâteau est maintenant recouvert du torchon humide. Laissez refroidir votre gâteau pendant une dizaine de minutes. Une année, nous l'avons laissé pendant une trentaine de minutes. Nous voulions qu'il prenne le pli. Le gâteau avait séché et se brisait. Mauvaise idée, comme disent les ados.
Votre gâteau a refroidi. Vous le déroulez. Étendez-y la ganache que vous avez fouettée pour lui donner un peu de légèreté. Lorsque toute la ganache a été étendue, vous roulez votre gâteau à nouveau.
Vous pouvez glacer votre bûche. Comme Grand-mère Florentine. Vous pouvez aussi la saupoudrer de cacao et ensuite d'un peu de sucre en poudre (sucre glace) avant de la servir. Comme moi.
Je suis certaine que Grand-mère Florentine étendait de la confiture à l'intérieur de son gâteau, pas de la ganache à la crème. Si elle avait utilisé de la crème, nous ne serions probablement pas là pour en témoigner...
Nous avons placé la bûche au frigo, recouverte d'un torchon et nous l'avons servie dans les douze heures suivant sa confection.
Sur ce, festoyez et n'oubliez pas qu'aux Rois, les jours avancent d'un pas d'oie!
© Tarzile.com, 2006
Commentaires
jolie tradition de florentine
Publié par : penglobe le janvier 6, 2006 01:50 PM
C'est magnifique, cette diversité de gâteaux des rois sur les blogs!
Publié par : Elvira le janvier 6, 2006 02:22 PM
j'aime beaucoup le proverbe, je ne le connaissais pas :)
Publié par : Papilles&Pupilles le janvier 6, 2006 02:34 PM
Ton histoire m'a beaucoup fait rire, Tarzile !
C'est vrai que 12 jours d'exposition...je ne suis pas certaine que j'aurais eu envie d'y goûter! Comme tu le dis : tu l'as certainement échappé belle ! :o)
J'ai eu le privilège de porter, quelquefois, la couronne royale puisque c'est la coutume ici : on fait une galette fourrée à la frangipane.
Comme on fête les rois dès l'école maternelle, j'imagine que ma tête a dû être cerclée d'or en carton quelquefois, en un demi-siècle de mon existence...
Je me souviens avoir été très fière d'être choisie , comme reine, par le plus beau garçon de la classe ! Je devais avoir 5 ans .
Aujourd'hui, j'ai fait ma traditionnelle galette des rois : 2 cercles de pâte feuilletée fourrées à la frangipane et d'un peu de compote d'abricots, pour faire plaisir à mon roi. Sans oublier d'y glisser la fêve, comme cela m'est arrivé quelquefois..
Cette année, c'est ma fille Bénédicte l'heureuse propriétaire de la couronne !
Ce que j'aime aussi, dans l'épiphanie, c'est l'avancée de la lumière, comme tu le dis. J'aspire à retrouver plus de clarté, il est temps !
Publié par : mary le janvier 6, 2006 04:19 PM
L'histoire familiale est jolie, et la bûche non moins appétissante !
Publié par : Patricia le janvier 7, 2006 03:40 AM
Encore une belle histoire ...et une jolie recette. Mais en France, c'est la galette des rois !
Publié par : saveurs sucrees salees le janvier 7, 2006 12:43 PM
Jolie bûche et sympa l'histoire :) Ici, c'est vrai c'est la galette ou le Royaume comme dans le sud :(
Publié par : Cindy le janvier 8, 2006 07:12 AM