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juin 25, 2006

Le marché public du samedi de Sainte-Anne de Bellevue

J'ai les marchés publics dans le sang. J'ai le plus grand respect pour les gens qui cultivent la terre pour nourrir un pays. Mes arrières-grands-parents partaient de Marieville en pleine nuit, dans une voiture tirée par des chevaux, pour aller vendre les produits de leur ferme au marché Bonsecours à Montréal. Pour faire un bon marché, Clarinda allait à la messe avant l'ouverture des étals.

J'ai grandi dans une ville qui accueille un des plus anciens marchés publics en Amérique. En effet, ce marché agricole est installé à Saint-Hyacinthe depuis 1796.

Lorsqu'il est question de déménager, ma première question n'a pas trait aux hôpitaux, aux écoles ou aux supermarchés. Je demande toujours s'il y a un marché dans le coin. J'ai côtoyé le marché de Lachine, le marché Jean-Talon, le marché Atwater et celui de Dollard-des-Ormeaux.

À Lachine, le marché se prénomme Madeleine. Madeleine m'a confié des recettes et même si je n'y vais que quelques fois par année maintenant, elle me reconnaît toujours. À Dorval, c'est Brigitte. Brigitte aime l'Halloween autant que moi. C'est elle qui m'a expliqué comment congeler des fraises rapidement. Il y avait Doris qui vendait les meilleures framboises de Lachine et que Puce adorait. Doris a fermé son étal pour ouvrir un kiosque de fleurs qui fait la joie des gens qui traversent le parc coin René-Lévesque et Peel à Montréal. Le sourire de Doris me manque. À Dollard-des-Ormeaux, c'est Mylène qui ose les légumes plus originaux et qui se souvient, après 20 ans, que je commande un gros sac d'échalotes en août!

Dans le Suroît, j'ai posé la question aux autochtones. On me regardait d'un air ahuri. Pourquoi un marché? Il y a tout plein d'épiceries autour. Curieuse réponse de la part de gens qui vivent entre la métropole et la verte campagne. Trois ans dans la région m'ont fait découvrir le marché Finnegan, la ferme du Tournesol et, samedi dernier, le marché de Sainte-Anne-de-Bellevue.

Ce dernier marché est situé sur la promenade (mieux connue sous le nom de Boardwalk) qui longe le Lac-Saint-Louis, tout près du pont qui relie l'île de Montréal et l'île Perrot. Cette promenade est très agréable en soi. D'un côté, les terrasses tournées vers le lac, de l'autre les bateaux des estivants venus casser la croûte. L'ambiance est spéciale, presque balnéaire.

Pour ce qui est du minuscule marché, il accueille les fermiers de la région, des boulangers et des artisans.

J'y ai rencontré les jeunes fermiers de la ferme du Tournesol. Encore et toujours, ils offrent des légumes d'une qualité exceptionnelle. J'ai pris le temps de jaser avec des clients qui sont toujours prêts à donner des recettes et des conseils pour apprêter les produits. Je suis repartie avec un concombre, des fleurs d'ail, des kale-raves, une laitue beurre et des radis.


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J'ai aussi rencontré un fermier de Notre-Dame-de-l'île-Perrot - Jean Fournel de l'Anse aux sables - qui cultive des fraises. Ce sont les meilleures que j'ai dégustées cette année. Je n'ai pas pu résister, bien entendu. Comme ce fermier permet l'auto-cueillette dans ses champs, il risque de me voir cette semaine.

Il y avait du fromage de la ferme Diodati, des Italiens qui élèvent des chèvres à Les Cèdres et qui font du fromage succulent.

Je n'ai pas goûté à tout. Je me garde des surprises pour la semaine prochaine.

En terminant, manger local, c'est une manière d'encourager l'économie et de préserver l'environnement.

Autre chose. N'hésitez pas à demander aux gens comment ils apprêtent tel ou tel légume. Personne ne refuse de partager son savoir. Ce sont ces moments de partage dont se nourrissent les souvenirs.

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© Tarzile.com, 2006

Publié le : juin 25, 2006 08:28 PM

Commentaires

A travers plusieurs de tes billets, Tarzile, j'ai déjà pu constater à quel point les marchés te tenaient à coeur.

Moi aussi...parce que j'ai connu cela jusqu'à mon mariage : dans ma petite ville, le marché avait lieu ( et c'est toujours le cas) chaque mercredi matin et se terminer vers 13H.
Nous terminions la classe à midi . Le marché se tenait sur la place communale, à l'opposé de la maison de mes parents, mais chaque mercredi midi, au lieu de virer à droite pour rejoindre la maison, je prenais le chemin inverse, avec mes copines. Nous galopions jusqu'au marché, excitées à l'idée de retrouver l'ambiance bien particulière des étals. Mais aussi, et
surtout, pour foncer vers les marchands de volaille !
Comme le marché se terminait, ils " liquidaient" les petits poussins qu'ils leur restaient !
Nous étions en émoi devant ces dizaines de petites boules jaunes duveteuses, entassées dans des caisses en carton.
Résultat: je rentrais très souvent à la maison , un gros sourire aux lèvres , avec mon trésor chaud et jaune dans les mains !
Généralement, mon sourire disparaissait en croisant le regard de maman...
Il m'est arrivé, quelquefois, de simuler une petite maladie, afin de pouvoir accompagner maman au marché, le mercredi matin. J'ai encore , dans un coin de ma mémoire, les odeurs, le brouhaha, les papotages de maman qui s'arrêtait sans arrêt : tout ce qui rend un marché bien spécial.

Aujourd'hui, je vis dans une petite ville sans marché et j'en suis triste.
Il y en a quelques-uns dans la région, mais je n'arrive pas à m'y rendre comme je le voudrais...

Je te trouve bien chanceuse ,Tarzile et , à chaque fois que tu nous parles si joliment des marchés, c'est un peu de mon enfance qui m'envahit ...

Publié par : mary le juin 26, 2006 01:49 AM

alors là, ce billet me va droit au coeur, moi qui adore les marchés! pas plus tard qu'hier, j'ai déambulé dans celui qui est juste à côté de chez moi, pour faire une pause salvatrice dans une matinée de travail... et c'était tellement bon! j'y serais bien restée encore et encore... mais la raison me rappelait à l'ordre.. que j'aimerais voir de près des marchés de par chez toi, ils m'ont l'air tout particuliers... Et combien tu as raison de privilégier les gens qui travaillent la terre sainement, il y a un tout petit supplément d'âme dans ces légumes qu'on a pris le temps d'aimer un peu en les cultivant!

Publié par : alhya le juin 26, 2006 02:18 AM

Bravo pour ce billet Tarzile.
J'aime beaucoup aussi l'histoire de Mary et de sa petite boule jaune. C'est tellement mignon.

Toujours une ambiance particulière sur les marchés. Le hochement de tête des marchands pour nous saluer même si on ne s'arrête pas à leur étal. Je suis toujours fière quand un charcutier me fait signe de loin !!!

Publié par : Mijo le juin 26, 2006 08:01 AM

Merci à toutes. J'aimerais avoir aussi ce petit poussin jaune, qui reste poussin environ une semaine!

Ta maman n'aimait pas les poussins, Mary?

Alhya, c'est vrai qu'il y a quelque chose, une fierté de savoir que c'est la terre voisine qui nous nourrit.

Mijo, le lien que nous tissons avec les marchands. Il y a ceux qui nous reconnaissent, qui nous sourient. Il y a ceux que nous finissons par appeler par leur prénom après tant d'années et qui connaissent nos goûts. Rien à voir avec le supermarché du coin. Rien.

Tarzile

Publié par : Tarzile le juin 26, 2006 08:27 AM

Si, maman aimait les poussins !

Le problème , c'est que nous en ramenions chaque semaine ( mes frères aussi) et que, la plupart du temps, ils mouraient dans les jours qui suivent...

Ce qui enclanchait de nombreuses crises de larmes chez moi et mon petit frère !

Heureusement, il n'y avait pas que cela sur les marchés ! Comme le disent Mijo et Alhya, c'est une atmosphère bien spéciale, qui sent bon l'amour de la terre.

Après mon mariage, nous avons vécu dans un petit village où l'on pouvait aller dans une ferme pour y cueillir les fruits et légumes qu'on voulait, comme tu en parles aussi.
C'est une période que j'ai adoré !
Vive les marchés!

Publié par : mary le juin 26, 2006 09:10 AM

Mary

Ta mère devait détester les effets des poussins. Elle savait ce qui allait survenir. L'auto-cueillette, c'est aussi très très plaisant.

Tarzile

Publié par : Tarzile le juin 26, 2006 11:28 AM

Vraiment superbe comme billet! À te lire, je me croirais à tes côtés à déambuler dans les marchés!

Derrière notre futur maison, il y a des champs et des champs de cultivateurs. Ceux-ci vendent leurs produit directement sur le bord de la route. Je n'ai pas encore découvert le marché du coins... J'ai bien l'intention de les encourager plutôt que d'aller à l'épicerie pour acheter mes légumes, et du fait même, leur demander où se trouve le marché! De plus, plusieurs champs de fraises parcours des kilomètres et des kilomètre... et l'auto-ceuillette est aussi encouragée. Tu me donnes bien envie Tarzile!

J'ai aussi beaucoup aimé l'histoire du petit poussin à Mary :)

Publié par : Silvana le juin 27, 2006 09:36 AM