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juin 22, 2008
Noix de muscade et thé des bois : propos à propos de la mémoire des sens pour Claudia
La mémoire, cette inconnue. On ne sait pas trop comment elle fonctionne. On ne sait ni pourquoi, ni comment un souvenir va remonter à la surface à la faveur d'une madeleine trempée de la thé. Claudia, du blog Cuisine Framboise m'a invitée à discourir sur la mémoire du goût et de l'odorat.
Le premier souvenir qui me vient à l'esprit est la noix de muscade. Ma grand-mère avait toujours une noix de muscade dans sa dépense. La dépense embaumait la muscade. J'avais oublié ce détail lorsque j'ai préparé des galettes à la mélasse pour Cuisine de Tarzile. J'ai alors renouvelé mon stock de muscade moulue (les traditions se perdent). J'ai ouvert la petite enveloppe et, comme dans les films, j'étais revenue dans la cuisine de Grand-mère, à Saint-Jude. J'étais devant sa dépense pleine à craquer de tous ces pots remplis, qui de farine, qui de sucre brun. Et toutes ces épices dont je humais le parfum les jours de pluie. Les jours où le jardin était impraticable. Ce n'est que récemment que j'ai pu trouver une noix de muscade entière. Je la cache dans un coin de mon tiroir à épices. En cachette, je vais humer parfois. Et je repars dans mes rêves d'enfant. Dans des rêves où la table de la cuisine est recouverte d'un tapis de table où fleurissent de minuscules bouquets de myosotis.
Vous connaissez l'essence de thé des bois, mieux connue sous le nom de "paparmane" rose ? Ce goût aussi est complètement associé à mon enfance. Aux jours de fête. Parce que ma Grand-mère en ajoutait une goutte dans les g;aces au beurre dont elle tartinait les gâteaux. Lorsqu'elle avait aussi coloré la glace de rose, c'était le bonheur. Cette saveur fait presque partie des saveurs oubliées. On ne retrouve plus cette essence dans les supermarchés. Je l'ai retrouvée par hasard dans une cuisinerie. Le bonheur de goûter à un cupcake recouvert de glace au beurre aromatisée au thé de bois. Indescriptible.
Plus tard, j'ai découvert les fraises chaudes de soleil. Cueilleuse de fraises, je résistais pendant toute la matinée à l'envie de croquer dans un fruit mûr. Mais l'après-midi, lorsque le soleil tapait très fort et réchauffait les fruits, le parfum qui montait du sol était trop enivrant. Il fallait la choisir, la fraise. La plus belle. La plus rouge. La plus mûre. On la cueillait avec respect. Elle était lourde et gorgée de soleil. La première mordée était magique. Le goût de la fraise magnifié par le soleil. Les fraises étaient bien meilleures à cette époque...
Dernier souvenir. La tarte mousseline à l'érable de ma Tante. C'était le dîner de Noël. Nous étions plus de 15 autour de la table. La table était devenue une Sweet table italienne. Toujours, il y avait cette merveille. Une tarte légère. Une tarte dont on écrase la garniture contre son palais avec la langue. Pour le plaisir de sentir les minuscules bulles d'air s'écraser doucement. Pour goûter l'érable pendant qu'il neige dehors et que le poêle à bois crépite derrière nous.
© Tarzile.com, 2008
Commentaires
Je ne peux pas passer à côté de cette recette de cupcake , glacé au beurre de thé des bois !
Une gentille fée canadienne m'ayant fait cadeau de cette essence si particulière, c'est avec émotion que je vais, moi aussi, croquer dans tes souvenirs d'enfance...
Publié par : Marylène le juin 22, 2008 11:34 AM
Tarzile, qu'est-ce qu'une "dépense" ?
Je n'ai jamais entendu parler de thé des bois, et encore moins de paparmane, mais j'aime ces deux noms :)
Argh, comment peux-tu nous parler de cette tarte à l'érable sans nous en donner la recette ? *clin d'oeil*
Publié par : Bergamote le juin 22, 2008 11:45 AM
Quelle émotion!! Tarzile tu as vraiment mérité ce prix Arte y Pico pour me faire rêver à ce point. Que de magie dans tes mots!http://framboisecuisine.blogspot.com/2008/06/remise-de-prix.html
Publié par : Claudia le juin 22, 2008 10:24 PM
Que de jolis souvenirs !
Bises
Hélène
Publié par : Hélène (Cannes) le juin 23, 2008 01:04 AM
Marylène, bises!
Bergamote, un grand garde-manger était ainsi nommé, une dépense. C'est tellement entré dans notre inconscient collectif que Philippe de Vienne a nommé une de ses boutiques ainsi, au marché Jean-Talon.
Publié par : Tarzile le juin 23, 2008 07:38 AM
Merci mille fois, Claudia.
Merci d'être apssée, Hélène!
Publié par : Tarzile le juin 23, 2008 07:38 AM